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DANS CETTE ÉDITION NOUS SOMMES ALLÉS À LA RENCONTRE DE MARYSE, 51 ANS, DIRECTRICE DE L’AGENCE ALP’INTER DE THONON. RETOUR SUR SON PARCOURS ET SUR LES SPÉCIFICITÉS DU MONDE DE L’EMPLOI DANS LE CHABLAIS.

Bonjour Maryse, merci de nous recevoir dans votre agence, parlez-nous de votre parcours ?
Je suis originaire de Seytroux et j’ai grandi à Morzine. Après des études de tourisme, j’ai travaillé en saison l’hiver aux remontées mécaniques d’ Avoriaz et l’été en hôtellerie, restauration. Puis j’ai eu l’opportunité de me mettre à mon compte à la création de l’aire de loisirs de Seytroux.

Vous êtes ensuite arrivée dans le métier ?
Oui ! En 1998, je suis entrée comme assistante d’agence chez Alp’Inter, qui venait d’ouvrir. J’ai évolué sur un poste d’assistante commerciale, puis commerciale terrain. Et je suis directrice depuis 2007.

Vous faites du recrutement et de la délégation : quelle est la différence ?
Côté recrutement, on intervient pour les entreprises sur du recrutement saisonnier, CDD et CDI. En ce moment, on a 80 recrutements à faire. C’est le coté valorisant de notre métier d’offrir la possibilité de signer un CDI ! On propose également des formations aux personnes qu’on a fait embaucher ; c’est un geste commercial.

Et en quoi consiste la délégation ?
Il y a d’une part l’intérim pur, pour un remplacement ou un surcroit d’activité. On fait aussi de la délégation en vue d’une embauche, avec 3 mois d’intérim comme période d’essai ; ça laisse une souplesse, parce que nous sommes l’employeur durant cette période. C’est un avantage indéniable pour l’entreprise.

Combien êtes-vous à l’agence Alp’Inter?
On est une petite agence de proximité, avec une équipe de 3, et on recrute actuellement une 4e personne. J’essaie d’être toujours joignable et disponible pour les « urgences », fréquentes dans l’intérim.

Comment fonctionne votre agence ?
Les candidats viennent remplir un dossier, suivi d’un entretien pour une période de disponibilité entre deux postes. Pour le recrutement, on passe les annonces sur un logiciel professionnel, elles sont ensuite diffusées sur plusieurs sites de recrutement. Puis on traite les candidatures.

Pour quels secteurs travaillez-vous essentiellement ?
Je dirais pour tous les domaines sauf le médical ! Mais principalement le BTP, l’hôtellerie, la restauration. On recrute aussi dans l’industrie : électrotechniciens, ingénieurs, automaticiens… Et en secrétariat, vente, artisanat, commerce. Depuis janvier, on compte 88 entreprises fidèles, on fait travailler 250 intérimaires par mois et obtenu 19 recrutements en CDI. C’est un pré-bilan très satisfaisant pour une agence locale.

Et dans le Chablais, pouvez-nous nous dire comment se porte le marché ?
C’est tendu ! Il y a beaucoup de commandes mais moins de candidats. J’observe un changement de mentalité des salariés depuis la Covid : ruptures conventionnelles, reconversions professionnelles… D’où un manque de personnel dans les entreprises. Et dans ces cas d’urgence, elles font naturellement appel à nous, c’est notre challenge.

Comment expliquez-vous qu’il y ait moins de candidats ?
Dans cette nouvelle mentalité que je mentionnais, il y a aussi un manque de respect hiérarchique, d’éducation professionnelle, de formation, de volonté. Le travail a perdu en valeur au profit du bien-être du travailleur.

Être installée dans le Chablais, est-ce un avantage ou un inconvénient ?
Excellente question ! Le côté positif d’une région enclavée, moins ouverte sur l’extérieur, c’est que ça nous protège. Nos entreprises nous sont fidèles car il faut un excellent réseau, ce que nous avons. Mais c’est difficile au niveau du logement, du coût de la vie, je ne vous apprends rien sur la difficulté de se loger dans le secteur.

C’est particulièrement compliqué au niveau des transports, non ?
Exactement ! Le Chablais est très mal desservi. C’est plus facile de traverser le lac en bateau ou de prendre le CEVA pour aller travailler en Suisse, que de prendre les transports en commun pour se rendre à son travail ou aller sur un chantier dans nos montagnes. C’est un gros problème auquel il faudrait remédier.